Le blog de Stéphanie ...

Pas du diable 120km 7500m 23 avril 2016

Les trails du Roc de la Lune, rien que le nom me donnait envie. 4 courses au programme, 15 - 30 - 60 - 120.

Le 60 me tente bien, mais je ne m'en sens pas capable. Quand, deux semaines avant la course, je lis un message sur Kikourou pour reprendre un dossard sur l'ultra. Et me voilà inscrite sur le 120, l'ultra du Pas du Diable !!! Puis je commence à réfléchir, 120km donc une trentaine d'heures donc une nuit dehors, départ à 4h du matin ... mais quelle idée !!! Et 120km alors que je ne fais plus qu'un mini footing par semaine, que j'ai régulièrement mal au genou ... riche idée !!!

 

Alors j'élabore un plan de course: dormir autant que possible au ravito du km90 (Aumessas) et repartir à la barrière horaire, donc à 6h45 avec le lever du jour. Comme ça, je fais 90km comme je peux, puis je dors 4-5h, et je fais un deuxième trail de 30km le lendemain. Je calcule mes temps sur 4km/h de moyenne, et ça passe dans le timing. C'est bien, ma stratégie me plaît et me rassure.

 

Je pars avec Fred et sa famille, et on va passer un super we ensemble. Départ vendredi matin, dossards, conférence, dîner et au lit à 20h. Réveil à 2h45 ... pfff ... Heureusement j'ai bien dormi, et je me sens reposée.

 

4h, top départ. Sous une pluie fine. Montée, descente raide glissante, je laisse passer. J'ai chaud, je m'arrête me déshabiller, et là arrive une dame qui me dit "allez, il faut avancer, je suis la dernière". "euh ... tu es serre-file ???" "presque, il est juste derrière avec un blessé". Moi qui disais que je tiendrai compagnie au serre-file, j'étais donc dans le vrai !!! Je repars, et je me mets dans l'optique pépère d'être la dernière. Je rattrape une marcheuse, qui vise les 35h. On papote, quand soudain elle s'arrête et me dit "passe devant, je n'aime pas parler en course !!!". OK, alors reste toute seule !! Première fois que j'entends ça. Enfin bref, je continue mon chemin et j'arrive à Oeil de Boeuf, le point d'eau. Je suis donc avant dernière ! D'autres coureurs sont encore là, donc je ne suis plus seule. Comme j'étais loin derrière, je passe mon temps à doubler, et je n'arrive pas à trouver quelqu'un à mon rythme. Tant pis, j'avance seule. Le jour se lève, ça va aller mieux.

 

Trèves, 1er ravito, 19km 1200m en 4h (S-8h). Donc 1/2h d'avance sur mes prévisions. Donc 1/2h de plus pour dormir. Je croise Stéphanie et Tonton qui étaient venus voir Fred. Ca fait plaisir de les voir. Je leur laisse mon collant, il ne fait pas froid, et j'en ai un autre à la base vie si besoin. Je prends du pain d'épice et du chocolat dans mon sac, et je repars avec un sandwich au fromage. Le ravito est beau, varié et copieux. Je repars, en montée. Et enfin je me cale sur certains coureurs, et là commence ma course conviviale, faite de rencontres et de papotage ! Pierre, Eric, puis trois amis qui tentent leur premier ultra. Et bien d'autres. Je raconte à tout le monde ma stratégie de dormir à Aumessas, les gens sont étonnés, et finissent par un "pourquoi pas" ou "c'est pas bête". On passe dans une grotte, il faut ressortir la frontale. Et on continue, alternance de montées, descentes, petits singles, pistes forestières plus roulantes ... Puis l' abime de Bramabiau. Une magnifique grotte dans la falaise.

 

Camprieux, 2ème ravito, 42km 2900m en 8h15 (S-12h15). Encore du temps de gagné. Et je me suis rendue compte que je m'étais trompée dans mes calculs, j'avais "oublié" 2h. Donc j'en suis à 4h d'avance, donc j'ai 6h pour dormir ! Au ravito, même stratégie, doggybag, et sandwich pour repartir. A ce stade là, ce n'est plus un sandwich, le bénévole m'a coupé un bout de fromage de 2cm d'épaisseur et bien 10cm de long !!! "mange ma petite" !!! En repartant, je vois les filles en train de se changer. Je repars, elles me rattraperont bien. Sauf que non, je ne les reverrai malheureusement pas. Et pareil, montées, descentes, petits singles, pistes forestières ... et plein de nouvelles personnes, dont Nicolas, un V2 de chez WAA avec qui je reste un bon moment. Il fait très beau maintenant, et chaud. On passe vers les gorges de la Dourbies, c'est magnifique. Il faudrait revenir en été s'y baigner ! Je suis bien, très bien même, peut être même endorphinée ! J'ai des ailes, je surkiffe. Je crois bien que c'est la première fois en trail que j'ai du plaisir ! Je cours, je double, je m'amuse. Je réfléchis à ma stratégie pour la base vie: laver les dents, remplir la poche à eau, changer les piles de la frontale, changer de profil, doggybag, sandwich. Et c'est tout. Je ne changerai ni de vêtements, ni de chaussures, et je ne prendrai pas les bâtons (j'étais partie sans eux, je les avais mis dans mon sac coureur, pour les prendre si besoin à mi-parcours, mais je n'en ressens pas le besoin). 

 

Dourbies, 3ème ravito, 60km 3900m en 11h15 (S-15h15). Je récupère mon sac (ce fut laborieux d'expliquer au bénévole que certes j'avais le dossard 328 mais que sur mon sac, il est écrit 133, numéro de mon dossard du Tor, puisque j'avais pris le sac jaune du Tor). Je finis enfin par le récupérer, je mets en place ma stratégie, et en moins de 10' je suis repartie. A mon arrivée, Fifi et Luc étaient assis sur un banc, à mon départ ils n'ont pas bougé du banc ! Et me voilà repartie, avec de nouveaux coureurs. A chaque ravito, et d'autant plus à la base vie, on repart toujours dans un nouveau groupe. Chouette, de nouvelles personnes à découvrir ! Je repars avec un couple, très sympa. Mais la fille a du mal, alors je dois les laisser. Je suis toujours aussi bien, c'est génial ! Et je revois mon plan de course, parce qu'à ce rythme là, je serai à Aumessas à 22h, je ne vais tout de même pas dormir 9h !!! Donc je passe en mode "un ultra pour de vrai". Si on m'avait dit ça au départ ... jamais je n'y aurais cru. Je n'ai même pas mal aux genoux, juste un peu les cuisses qui tirent mais c'est normal. Vraiment je me régale comme jamais. Je passe du temps avec un vosgien, Stéphane. Il est un peu plus de 17h quand on se prend une énorme averse ! Je le quitte, et j'arrive au lac de Pises. Et j'aperçois le bonnet de Tonton, super ! Ils me donnent une part de marbré au chocolat, ça fait du bien de changer de toujours la même bouffe des ravitos. Puis je croise Robin, un kikoureur. On a bien du passer 4-5h ensemble. Super sympa, un très bon moment avec lui. Le vent se lève, j'ai froid, je mets mon surpantalon. (oui j'étais partie avec mon gros sac et mon équipement complet: collant, surpantalon, manche longue, pull, veste, gants, gants Mappa, sursac ...). Et heureusement vu ce qu'on s'est pris la nuit ...

 

Col des Molières, 4ème ravito, 81km 5000m (je ne sais plus l'heure !). Seulement 10km pour aller à Aumessas, donc je ne refais pas mon doggybag. J'avale un bol de soupe, dans lequel je fais fondre du pain et du fromage. Je commence à avoir du mal à avaler le pain, j'ai besoin de le faire tremper. On repart par une longue descente, toujours avec Robin. J'ai chaud, j'enlève le surpantalon. Il a bloqué son téléphone, alors je lui prête le mien et j'en profite pour lire mes messages. Il commence à avoir du mal dans les descentes. La nuit tombe, on sort les frontales. Il est à peine 21h. Belle montée, puis descente à Aumessas, que je fais seule, Robin ayant du mal à descendre.

 

Aumessas, 5ème ravito, 91km 5500m, en 18h (S-22h). Fred est là !!! Et Titine aussi, ma super bénévole professionnelle ! Soupe, doggybag, banane et on repart ensemble avec Fred. A ce moment là, je suis encore en forme. Il y a un KV jusqu'au St Guiral, et je suis motivée pour jouer le jeu. On passe le tapis et go ! Sauf que ... la montée de nuit me casse très vite, le sommeil m'envahit, et je n'avance plus. Alors qu'on a 900m à monter ... Je prends un bâton en bois pour m'aider. Il commence à faire froid, je me rhabille. Fred va bien, il est devant et m'attend de temps en temps. Puis lui aussi fatigue et s'assoit quelques minutes. Je prends de l'avance et j'arrive au point d'eau. Il fait chaud, ça fait du bien. Je remplis la poche, et je vois des dosettes de café. Ca va me réveiller. Sauf que ... non, ce n'est que pour les bénévoles !!! Alors cachez les vos dosettes, ne nous faites pas rêver avec ! Fred arrive, et on repart. Je galère de plus en plus, il se met à pleuvoir, avec du vent, ça devient très difficile, sommeillement et météorologiquement. On passe le St Guiral (enfin il paraît, c'est écrit sur le profil, mais perso je n'ai rien vu qui ressemble à un sommet !), puis descente au ravito. Fred est devant, je suis trop lente.

 

Croix de Guérite, 6ème ravito, 104km 6600m en ??? (D-???). Là, je prends du café ! Soupe enrichie de pain et fromage,  ainsi que chocolat et pâtes de fruit. Je remets une couche, j'ai froid. Il fait un vent de ouf et il pleut fort. Je resterai bien dormir, mais les 5 lits sont occupés. Et il fait froid dans cette tente. Donc pas le choix, on repart. Et je ne reverrai plus Fred. Je suis vraiment au ralenti. Je croise quelques coureurs, mais on ne parle plus trop. Mais de bons moments tout de même, même dans le silence. C'est fort de marcher à côté de quelqu'un, sans rien dire. Pas besoin de parler, on vit la même chose. Le parcours se "dégrade", de plus en plus de singles, raides, droit dans la pente et dans la foret, sans intérêt. On dirait qu'ils ont défrichés un tracé pour la course. Je descends sur les mains et les fesses pour éviter de tomber, et ça m'énerve ! Mais au moins ça me réveille. Entre ça et le vent glacial avec la pluie ...

 

Le Prat, 7ème ravito, 113km 7100m en ??? (D- ???). Immense ravito, mais je n'en peux plus de toujours la même bouffe, et je n'ai pas très faim. J'ai juste envie de rentrer dormir au chaud ! Je prends tout de même le temps de changer mes gants et les piles de la frontale. Je regarde vaguement le buffet, et je vois un truc nouveau, du quatre-quart. Allez, un bout pour changer. Et je repars. Dernière "ligne droite". J'adore, c'est génial la dernière portion, on sait tous qu'on va finir, on ressent un soulagement chez les coureurs, un apaisement, et cette sensation de "je vais y arriver, je vais le faire" c'est magique. Même si je peste tout du long, avec ce parcours débile dans la foret que je dois encore descendre sur les mains, mes nouvelles piles qui sont pires que celles que j'ai remplacées, le balisage que je ne vois pas ... Puis je me cale sur deux autres coureurs, on descend péniblement ensemble, on entend la voix du speaker, on voit les lumières du village, et le bout du chemin ! Yesssss !!! Le tout en quasi 26h !

 

Arrivée, 120km 7500m en 26h (D-6h)

Je vais me mettre au chaud, Fred est là. Il est arrivé 40' avant. Une bonne douche et au lit !

 

Bilan

- 26h pour 120km et 7500m soit 4,6km/h et 7,6 dénivelé inclus

- 8ème féminine et 3ème SEF

- j'ai surkiffé le jour, et bien galéré la nuit !

- bonne gestion de l'alimentation

- très contente de cette aventure, de super rencontres, de beaux paysages, presque prête à repartir !

- un grand merci à Philippe pour m'avoir permis de vivre cette aventure, et à Fred pour ce we partagé ensemble

 

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25/04/2016
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