Le blog de Stéphanie ...

Je suis partie le samedi 29 juin 2013, j'ai terminé le vendredi 26 juillet. Cette année était exceptionnelle au niveau de l'enneigement, et suite aux inondations. Ce n'est donc pas vraiment représentatif. Cependant, je n'ai pas été bloquée. J'ai juste contournée la Hourquette d'Arre avant Gourette en passant par Eaux-Bonnes, et la Hourquette d'Ossoue vers Gavarnie en passant par le col de Riou. J'ai rencontré des névés dès que je dépassais 2000m, mais rien de dangereux. Au niveau des inondations, des déviations ont été mises en place. Mais sur certains passages, les ruisseaux sont sortis de leurs lits, ce qui a bien endommagés les sentiers.

Durée

Je ne savais pas combien de temps j'allais mettre, j'espérais 35 jours. La moyenne est de 45 jours, mais je pensais être capable de mettre moins. Effectivement, j'ai mis 28 jours ! Je faisais de longues étapes, et j'avais un bon rythme. Aussi parce que j'étais seule, et que seule, je n'avais pas de plaisir à lézarder au bord d'un lac, ou à contempler des heures un beau paysage. Donc je faisais peu de pauses, en moyenne 1h30 par jour (20mn pour le petit déj, 30mn pour le midi). Je me levais avec le soleil vers 5h30-6h, et je marchais en moyenne 9h par jour. Plus au début parce que je n'étais pas limitée par les orages, et un peu moins à la fin.

Seule

Je suis partie seule, et beaucoup m'ont demandé si ce n'était pas trop dur. Déjà, je n'ai pas vraiment choisi de partir seule. C'est que trouver quelqu'un de dispo aussi longtemps, avec qui je m'entende bien (!!!), qui marche comme moi, ce n'est pas évident. Je n'ai pas trouvé donc je suis quand même partie, seule. Marcher seule, ce n'est pas gênant. Le plus difficile c'est le soir. Déjà qu'en bivouac il n'y a rien à faire, mais alors seule ... Du coup je m'arrêtais le plus possible à côté des refuges, ou au camping pour ne pas être seule. Seule, je ne m'arrêtais pas non plus pour contempler les paysages. Enfin si mais 5', pas 1h. 

Seul, on fait plus de rencontres. J'allais plus vers les gens, et les gens venaient plus vers moi je pense. Visiblement, les gens étaient étonnés qu'une fille seule puisse faire la traversée. C'était marrant "vous êtes partie d'où ? vous allez jusqu'où ? seule ??? avec la tente ? à ce rythme là ?". La plupart étaient en admiration, ça me faisait super plaisir. C'est dans ces moments là que je réalisais que je faisais quelque chose d'exceptionnel. Il y a ceux qui rêvaient de la faire mais qui n'avaient pas le temps, ou pas la condition physique, ceux qui l'avaient faite et qui étaient nostalgiques, ceux qui ne connaissaient même pas mais à qui ça donnait des idées ... J'avais vraiment l'impression d'être une héroïne ! 

Je n'ai pas rencontré grand monde. Très très peu qui faisaient la traversée. Et il n'y avait pas encore trop de touristes, et finalement ce n'est pas plus mal (quand je vois la foule qu'il y a actuellement sur les sentiers, j'étais mieux seule !!!).

Ce qui est le plus dure d'être seule, c'est l'après GR. Je n'ai partagé cette aventure avec personne, personne avec qui se remémorer les bons moments, et mon entourage ne comprend pas vraiment ce que j'ai vécu.

Meilleurs souvenirs

Je pense que mes meilleures soirées, je les ai passées accompagnées.

Le top, je crois que c'est au Ras de la Carança. Je suis arrivée un peu mouillée, j'avais juste pris l'orage 5'. Il y avait une dizaine de personnes dans le refuge. Dont une fille très sympa qui de suite m'a posé plein de questions et qui était émerveillée. Du coup, ça a ouvert les discussions et j'étais l'héroïne de la soirée. J'ai eu le droit de manger ma nourriture à table avec les autres. Ils m'ont même donné de la soupe pour mettre dans ma semoule. Et au moment de partir, un groupe de mecs est venu discuter avec moi, émerveillés. Ca faisait trop plaisir.

Un autre super moment a été ma soirée à la cabane de Grauilles. J'avais pris l'orage dans la montée après Eylie. J'avais réussi à m'abriter pour le gros de la pluie, mais l'orage grondait et il bruinait. Je me voyais passer la nuit seule dans une cabane au milieu de l'orage, bof bof. Et dans la montée, je vois deux jeunes qui avaient peur aussi. Ils allaient à la même cabane que moi. Du coup, on a continué ensemble. La cabane était occupée par un berger, alors on a continué jusqu'à la suivante. Et là, 3 mecs étaient arrivés tôt et avaient fait un feu. Donc au lieu d'être seule, j'avais 5 compagnons, un feu, et on a passé une super soirée.

Ma soirée au refuge Mariailles aussi, juste sous le Canigou. Je m'aprêtais à monter à la cabane Arago quand je prends l'orage. J'attends que ça passe, mais un coureur qui descendait me dit que la cabane est fermée, et que vu l'orage c'est trop dangereux de monter, que je dois retourner au refuge. 1/2 tour, je m'abrite au refuge, et là je rencontre deux jeunes aussi partis d'Hendaye ! Il y a une cabane ONF à côté du refuge, où on a passé la soirée et la nuit ensemble.

Hébergement

Bivouac

Il est très facile de bivouaquer, il y a beaucoup d'endroits plats herbeux. Trouver de l'eau à côté est plus compliqué ! On peut planter la tente à côté de quasiment tous les refuges. Ceux où j'ai bivouaqué:

- Kaskoleta: 5€ tente+ douche incluse

- Arrette: 6€ la tente + 1,50€ la douche

- Ilhéou: gratuit sur l'aire de bivouac à 10mn du refuge, 3€ la douche

- Les Bouillouses: gratuit, 2,50€ la douche

- Ras de la Carança: gratuit, douche dans la rivière. Refuge très sympa, le meilleur accueil que j'ai eu. Très rustique: pas d'eau: on se lave dans la rivière, et on prend l'eau à la source. Toilettes sèches au fond du jardin.

Ceux où c'est impossible: Logibar, Le Rouze, Aulus, Oo, Les Bésines

Dans le Néouvielle, il y a deux aires de bivouac vers le lac d'Aubert et vers le lac d'Orédon. Mais j'ai bivouaqué au bord du lac de l'Oule, qui n'est plus dans la réserve et où il y a un magnifique emplacement à l'opposé du refuge. (de loin le refuge ne donnait pas envie !)

Les cabanes, celles que j'ai vues qui sont bien:

- Aula: lits, table, banc, eau

- Uls: 9 matelas, table, banc, eau (pas de fenêtre)

- Ourtiga: couchage à l'étage, table, banc, eau

- Saunères: bac-flanc en bas, couchage à l'étage, eau à 8mn direction est selon le topo (pas trouvée !)

- Clarans: ravitaillement assuré par Fabrice du gîte de Siguer (aller le voir avant pour savoir où est la cabane parce qu'il y en a 2 à cet endroit)

- Artaran : deux parties: une pas terrible avec la cheminée, pas de fenêtres, et une vide mais propre avec fenêtre, source à 500m

- Grauilles: bac-flanc en bas, couchage à l'étage, 2 tables, bancs, rivière à 100m

- refuge ONF de Mariailles: immense ! 12 matelas plastifiés à l'étage, table, banc. Eau à 300m

- refuge ONF de l'Estanyol: tables de picnic dehors, table, bancs, eau

- Pinatell: tout neuf, tables de picnic dehors, table, bancs, en bois, eau. Mais il est indiqué qu'il y a des punaises (c'est curieux vu qu'il n'y a pas de matelas et que la cabane est toute neuve)

Celles qui sont en mauvais état:

- Arago au pied du Canigou (je voulais y aller mais elle est fermée pour risque d'effondrement)

- Vigourat (avant Arles sur Tech)

- d'autres mais je ne me souviens plus des noms !

Les gîtes où je suis allée:

- Bidarray: cuisine en gestion libre, pas de 1/2 pension. J'avais une chambre individuelle. Simple. Pas de gardien sur place.

- Kaskoleta: accueil très chaleureux. Possibilité de bivouaquer.

- Logibar: accueil pas du tout chaleureux, ça ne donne pas envie ! Mais pas vraiment le choix, pas de camping à proximité, et si on ne s'arrête pas là il faut monter bien 2h. Par contre, dortoir et cuisine top. Très propre, neuf. Grande cuisine en gestion libre.

- Rouze: un vrai cocon ! Sur la porte, un petit mot indique de rentrer, prendre des pantoufles, s'installer et prendre un thé/café en attendant les gardiens. Ils ne sont pas sur place, ils font du fromage. Cuisine en gestion libre ou table d'hôtes chez eux. Canapés, cheminées, bouquins ... Dortoir à l'étage. Ils vendent du pain, des fruits, du fromage, des en-cas ...

- Aulus, la Goulue: accueil très froid. Ils ne s'intéressent pas vraiment à nous. Pas convivial: chacun mange à sa table, service à l'assiette. Mais chambres à deux lits, très confortables. Très beau.

- Siguer: accueil très chaleureux, ici tout le monde est accueilli. Soit au gîte chez Fabrice, soit dans la salle communale. 

Gîtes où je ne suis pas allée mais dont on m'a dit du bien: Esbintz, Mounicou, l'Escolan

Dans les campings, tous étaient bien, sauf celui d'Arles. Très cher (10€ pour une personne) alors qu'il n'y avait pas de salle (j'ai eu droit à un emplacement avec un poteau électrique couché au sol pour me servir de table, emplacement spécial randonneur !!!), en plein soleil, sol caillasseux, impossible de planter les sardines, douches juste tièdes, sanitaires vieillots, accueil pas sympa, supérette à 1km à pied.

Celui de Luchon (pradelongue) était luxueux avec piscine. Mais je suis arrivée tard et il pleuvait donc je n'ai pas pu en profiter. Le camping est collé à Intermarché, super pratique. L'emplacement randonneur est à côté des tables de pique-nique abritées. Par contre, c'est un camping de tourisme, donc je n'ai pas trouvé de randonneur avec qui papoter. Il est un peu loin du centre ville, mais pour le lendemain en traversant à pied la voie ferrée, on est juste en face de Juzet de Luchon.

Sinon les autres étaient très sympa: Le Bergons à Luz, l'aire naturelle de camping à Arrens, le camping municipal de Mérens.

Celui d'Aunac, bof. C'est un camping pour la rando-ânes. Accueil très sympa. Mais les douches et la "salle" sont sous une serre qui sens l'âne et qui est rempli de mouches !

Les plus beaux endroits

Le lac Gentau avec le pic du Midi d'Ossau derrière

Le plateau de Beille (j'ai été surprise, je m'attendais à ce qu'une station de ski de fond soit moche l'été, mais pas du tout)

La crête des Isards

Toute la partie finalement entre Beille et les Bouillouses (même si l'arrivée aux Bouillouses est interminable !)

Les lacs de Bassies

Le Néouvielle

Les endroits les moins intéressants

Tout le bitume du pays Basque

Les forêts ariégeoises (certes on est à l'ombre, mais on ne voit rien !)

La partie d'Aunac à Estours que j'ai faite au petit matin: du bitume, dans la forêt, au bord d'une rivière: très humide et très froid !

L'arrivée à Arles sur Tech et toute la remontée dans la forêt, et même jusqu'au col de l'Ouillat, avec en prime le Perthus particulièrement moche. Finalement toute la fin après le Canigou.

Mon parcours

J'ai pris quelques variantes:

- entre Cauterets et Luz:  je suis passée par le col de Riou 

- pour arriver à Aulus, je ne suis pas allée à la Cascade d'Ars. L'orage menaçait, je voulais arriver au plus vite, et j'ai bien fait !

- entre Bassies et Siguer: je suis passée par Auzat, Olbier et j'ai rattrapé le GR à Goulier (je ne suis pas allée à Marc, Mounicou, le barrage d'Izourt)

- à Fos, une voiture m'a proposé de m'emmener à Labach !!! J'ai accepté. Ce qui me faisait éviter la portion de route de 9km en plein soleil. Comme j'avais déjà fait des entorses au GR10, j'avais un peu moins de scrupules !

- entre le refuge Mariailles et les Cortalets: j'ai commencé l'ascension du Canigou (j'ai quitté le GR un peu avant la cabane Arago) et juste avant le sommet, j'ai pris la crête du Barbet

Alimentation

Il est très facile de se ravitailler. Aussi parce que mes longues étapes m'amenaient rapidement au ravitaillement suivant. La plupart des gîtes peuvent dépanner, avec du pain et du fromage. J'ai listé les ravitaillements suivants:

J'avais pris du sel dans un tube de Doliprane effervescent. Il était trop petit pour durer un mois, alors je le remplissais dans les refuges, ou je demandais aux gens dans les campings.

Je mangeais:

- petit déj: 4 tranches de pain de mie + 4 carrés de chocolat

- aux repas: 125g de semoule ou 4 tranches de pain de mie + fromage ou jambon + 2 chocos + 2 carrés de chocolat

- aux en-cas (10h, 11h, 15h): pâte d'amande ou pain d'épice ou figolu

Si c'était à refaire

Version trail plus rapide en étant plus léger, et en dormant en refuge ?

Variantes par la HRP et le GR 11 pour éviter les passages les moins jolis ?

Dormir en refuge pour plus de convivialité ? (mais j'aime bien aussi le fait d'être libre et de dormir sous la tente au milieu de nulle part)

Publier mon aventure en temps réel ? (mais en même temps j'aimais bien être coupée du monde et vivre mon aventure de l'intérieur)